I thought you loved me...

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Cette journée avait commencé comme toutes les autres, avant même que l’alarme du cadran ne sonne, la main de Garret s’enroulait autour de me taille alors qu’il se rapprochait de moi. Les yeux clos, j’essayais d’ignorer son souffle qui venait déposer des baisers au creux de mon cou et sa main qui glissait sur mon ventre. Il savait que je dormais plus, que les filles ne se réveilleraient pas avant une heure encore et qu’il nous restait suffisamment de temps pour oublier notre rôle de parents. Il savait comment me convaincre…

Un baiser et nous nous étions quittés pour une longue journée de travail. Il avait été déposer les filles à la garderie et j’allais m’occuper des les récupérer en terminant. Je finissais toujours plus tôt. Dernièrement, Garrett vivait beaucoup de succès, son empire s’élargissait et il devait souvent sacrifier ses soirées en famille pour rencontrer de riches promoteurs.

Ce soir, alors que je l’attachais dans son banc sur la banquette arrière, Aileen m’avait suppliée d’aller voir son père. Les filles ne le voyaient que très peu dernièrement et je pouvais comprendre qu’il leur manquait. Me disant qu’une visite-surprise pouvait être de mise, nous nous étions arrêtées pour prendre un repas pour apporter dans un restaurant Thai avant de le rejoindre.

Nous arrivions à l’étage pour constater que la plupart des lumières sauf celle de la réception étaient fermées. C’était étrange, car Garrett m’avait écrit une heure plus tôt pour m’informer de son retard à cause d’une trop grande charge de travail. Nous allions rebrousser chemin quand un bruit percutant se fit entendre dans la pièce adjacente, son bureau. Un rire féminin s’en suivit, un grognement, un gémissement langoureux… Ça ne pouvait pas être, non, il ne pouvait pas, pourquoi est-ce qu’il ferait une chose pareille? J’indiquais aux filles de rester dans le hall et m’approchait. Les bruits me donnaient un avant-goût amer de ce que j’étais sur le point de constater. Jusqu’à la dernière seconde, jusqu’à l’instant où je poussai la porte, je niais ce à quoi je dois assister. Mon mari, une femme, une inconnue couchés sur son bureau, là même où la semaine dernière nous avions fait de même. Tous les deux trop occuper pour même remarquer ma présence, je sentis mon cœur s’arracher à ma poitrine, la nausée me tordre l’estomac et la rage s’emparer de chaque parcelle de mon corps. Parler? Crier? L’injurier? Le tuer?

« J’espère que je ne dérange pas! »

Les interpellais-je, mordant dans mes mots, prête à mordre, à le défigurer, à le castrer… Dès qu’elle se retira des genoux de mon maintenant futur ex-mari, je lui envoyais en plein visage un livre qui venait de me tomber sous la main.

« TU SAIS CE QUE TU VIENS DE FAIRE! NOS FILLES SONT LÀ, DANS L’ENTRÉE! ET TOI TU … AVEC CETTE PUTE! TA SECRÉTAIR... »

Hurlais-je jusqu'à ce que ma voix se casse. La salope cherchait son linge à côté et je me retenais de ne pas la tuer. La laissant fuir, nous nous retrouvions tous les deux, les larmes que je ne pouvais refouler se faisait un sillage sur mes joues.

« Tu… et nous? Et les enfants? Qu'est-ce, pourquoi? Pourquoi Garrett?»

Tout avait eu l’air normal lorsque je me réveillais ce matin-là. Une petite accolade avec ma femme Amanda, un petit déjeuner rapide avant de prendre la route jusqu’au bureau. Depuis que je vivais avec Amanda et que j’avais les filles, fallait croire que je ne faisais plus assez de sport. Moi qui étais un sportif dans l’âme et qui faisais son jogging habituellement à tous les matins. Comment pouvais-je me négliger à ce point ? À cette époque, je bossais toujours dans l’entreprise familiale aux côtés de mon paternel. Quelque chose qui pouvait autant m’amener vers un apprentissage intéressant qu’une prise de tête hors norme. Mon père était un homme droit, froid et limite obsessionnel. Enfin… quand on savait comment il allait finir, ce n’était pas bien surprenant… mais tout le monde l’admirait. Tout le monde lui faisait confiance….

Pourquoi avais-je pris une maitresse si j’aimais sincèrement la femme que j’avais épousé ? Oui Amanda était tout simplement géniale, sauf que Judith faisait de moi un homme libre. Je l’avais rencontré à Sidebay pendant mes vacances et elle m’avait donné un fils… sauf qu’elle acceptait de garder le secret sur l’identité de Kayden … c’était un peu désolant quand on y repensait, mais moi, ça me convenait. Elle avait déménagé à Los Angeles pour devenir ma secrétaire et ainsi me permettre de passer des moments avec mon fils… Je pensais que cette supercherie allait durer éternellement, mais malheureusement, ça ne semblait pas être le cas…. Tandis que nous étions en plein ébats sur mon bureau, une voix familière vint nous déranger. Je lève le regarde et apperçoit celle que j’avais marié – subjugué par la situation. J’arrête aussitôt pour attraper ma veste qui trainait sur le bureau pour le placer devant mon sexe. J’oublie complètement Judith à l’instant même, trop malaisé par ce qui se passait. Amanda me mettait pied au mur et incluait nos filles dans l’histoire. J’étais sans mot. Autrefois, c’était elle qui était à sa place… et pourtant. « Amanda. Ma chérie… ce n’est pas ce que tu crois. Je t’aime, je vous aime. Je t’en prie. Ne panique pas. » Ouin, j’étais un peu bête de croire que ces douces paroles allaient arranger les choses. Judith me dévisageait également. Elle attendait quelque chose de moi en retour. Elle se cachait et semblait embêter, mais je savais qu’intérieurement, elle souhaitait que mon mariage se brise et qu’elle puisse devenir ma femme. Au moins, je pouvais dire que je gardais une certaine carte de secours… si je n’arrivais pas à réparer mon histoire d’amour avec Amanda.

Une part de moi savait que Garrett était du genre à être volage. N’avait-il pas quitté une autre femme pour m’épouser? En même temps, à l’époque, je ne pouvais pas l’en blâmer ayant moi-même trompé ma fréquentation. Puis, nous étions encore jeunes et notre manque d’expérience pouvaient alors encore justifier ces erreurs de parcourt. Aujourd’hui, rien ne m’avait jamais laissé présager qu’il puisse avoir une maitresse ou même une aventure avec une autre femme. Notre couple se portait bien, voire mieux que jamais! Notre vie famille avait de quoi rendre jaloux n’importe qui… mais c’était trop beau pour être vrai.

Je le vis se cacher derrière son chemisier, un peu ironique considérant que je devais le voir dans cette tenue plus souvent que quiconque dans cette pièce. Puis, il y avait l’autre, cette connasse, dont le rouge à lèvres recouvrait encore la mâchoire et le col de mon époux. Je me fis violence pour ne pas lui hurler dessus,pour garder une once de contenance et ne pas me retrouver en prison ce soir. La dévisageant alors qu’elle se tenait encore là. Non mais qu'est-ce qu'elle attendait?! Quoi que Garrett puisse penser, elle n’en a probablement plus après son argent qu’après sa queue.

« Tu comptes rester là encore longtemps? Tu attends quoi? Qu’il vienne finir ce qu’il a commencé? » Lui demandais-je, sur un ton étrangement calme, mais empreint d’amertume. « Prends tes affaires et dégage! » Lui ordonnais-je, lui lançant ce qui m’apparaissait être la jupe d’un tailleur qui s’était retrouvée sur l’un des bancs de cuir fâchant le bureau.

Sans plus porter d’attention aux paroles obsolètes de mon mari, j’attendis qu’elle ait quitté pour m’approcher de lui. La femme de loi prenait le dessus sur le tumulte d’émotion qui se bousculait dans mon cœur. J’inspirais longuement avant d’oser retrouver la noirceur de ses iris une dernière fois.

« Tu m’aimes? Vraiment? » Lui demandais-je sans lui laisser la chance de répondre. Glissant notre alliance sur mon doigt, je la laissai tomber au sol, à nos pieds. « Les papiers du divorce seront sur ton bureau demain! » Lui fis-je savoir, aussi froide que de la glace, le cyan de mes yeux peinant à soutenir l’affront sans s’inonder de larmes. Je me reculai d’un centimètre et lui mit le poing au visage. Son nez, comme les jointures de ma main craquèrent en simultanée. Me surprenant moi-même d’avoir posé un tel geste, je fis quelques pas en arrière.

« Ne t’avise pas de rentrer à la maison ce soir… Ni jamais d'ailleurs!»

Je n’arrivais pas à croire que je venais de me faire prendre aussi facilement. J’étais pourtant assez prudent en temps normal. Je prenais toutes les précautions pour qu’Amanda ne se doute de rien. J’étais habile – sans doute un peu trop pour le mensonge, mais je n’arrivais pas à me contrôler. Judith Mills. Je la désirais depuis notre rencontre et je ne pensais jamais qu’elle accepterait ce poste de secrétaire, ni encore moins de tomber sous mon charme. Notre fils, c’était sacré et toute cette partie de ma vie restait secrète à Amanda. Pauvre petit Kayden – il était le seul qui n’avait pas accès à une vie près de moi. Je n’étais plus avec la mère de Finn, mais je partageais tout de même de bons moments à ses côtés. Je fixais ainsi ma femme qui me prenait en flagrant délit d’adultère ainsi que ma maitresse. Je ne savais plus quoi dire, quoi faire… même que je ne savais pas vers qui je devais réellement me tourner. Judith finit par fuir, me laissant seul avec la furie… Mon cœur se pinça en voyant l’autre femme partir sans que je ne puisse la rattraper. Je regardais Amanda en tentant de trouver les mots, mais elle ne me laissait pas répliquer. Elle me balança son poing en pleine figure, me laissant hurler de douleur. Je pose une main sur mon visage qui dégoulinait de sang et grinça des dents pour tenter de supporter la douleur. « Non Amanda. Ne fait pas ça. Je suis sincère. Je m’excuse … vraiment… je ne sais pas ce qui m’a pris…. Ne divorce pas, je t’en supplie. » Dis-je en fixant l’anneau au sol. Je lève le bras pour la retenir en attrapant le sien, tentant de la rapprocher de moi. « Ma puce. On va affronter ça. Ensemble, nous pouvons tout affronter n’est-ce pas ? C’est notre devise. Tout ce que nous avons passé pour en arriver là, marié et heureux. Ne laissons pas cette petite infraction idiote venir gâcher notre bonheur. »Je ne voulais pas la laisser partir…

Le cœur débattant, la gorge nouée, seulement des cordes invisibles m’empêchaient de m’effondrer. Maintenant, la rage dictait mes actions et mes paroles. Notre amour s’effritait sous nos yeux et cet instant d’égarement soufflait la flamme vacillante du dernier espoir. Il me suppliait, s’excusait, me répétait qu’il m’aimait, mais ses mots se frappaient à mes côtes. Je n’entendais rien. Sa voix résonnait comme le bourdonnement des abeilles et le battement de mon cœur tambourinait jusque dans ma tête. Il m’attrape le bras et tente de nous rapprocher, comme si une étreinte pouvait nous sauver.  Il est fort, il fait trois fois mon poids et même si je me braque, même si je veux me défaire de sa prise, sa main se ressert autour de mon avant-bras. Alors, je m’arrête et porte mon regard au sien.

« Lâche-moi! C’est terminé Garrett! Il n’y a plus de nous, plus de mariage, plus de famille… Tu le savais, tu le sais que tu as merdé, ce n’est pas une petite infraction! C’est ce que tu fais à toutes tes femmes et j’ai été assez conne pour croire que c’était différent pour nous.»

Lui rappelais-je. Je le connaissais mieux que quiconque. Nous savions tous les deux que cette soirée avait un précédent.

« C’est terminé… »

Concluais-je la voix craquant, perdant peu à peu contenance. Je n’étais pas le genre de femme qui pleurait aisément, encore moins de celle qui se laissait guider par leurs émotions. Garrett ne m’avait vue en larme que lors des nuits où étaient nées nos filles. La douleur psychologique qui m’assaillait à l’instant s’y comparait aisément. J’aimais cet homme, il y a moins de 15 minutes, j’étais encore persuadée qu’il serait celui avec qui je vieillirais. Désormais, les joues inondées, je rompais le contact entre nous. Derrière nous, une voix cristalline brisait le silence.

« Papa! »

S’exclamait notre ainée en se précipitant vers lui stoppant sa course en voyant le sang sur son visage. Je la rattrapais à mi-chemin pour la soulever de terre. Sans me retourner, je l’emmenais hors du bureau.

« Ce n’est rien ça va ma chérie, on rentre à la maison! »

Que pouvais-je faire mon rattraper ma faute ? J’aimais sincèrement Amanda. Notre mariage – notre vie de famille, c’était tout ce que j’espérais depuis tant d’années maintenant. Margaret avait sans aucun doute souffert de notre divorce, mais surtout de mes infidélités avec Amanda … mais tout ça était passé et je savais que mes fresques avec Judith… avec cette escorte … ou cette femme en voyage d’affaire l’autre jour. Je ne pouvais garder mon pénis dans mon pantalon bien longtemps et j’aurais pu m’en sentir mal… sauf que ce n’était pas le cas. Je souffrais de cette découverte. De savoir que mon mariage volait en éclat et que je venais de tout détruire à l’intérieur d’Amanda… d’un autre côté, je savais que je pourrais retrouver Judith si ça ne s’arrangerait pas avec Amanda. Mon cœur était volage et ça ne changeait pas aux fils des années malheureusement. Je fixais ma jolie femme qui dépeignait le tableau de notre mariage. Mon cœur s’accélérait et je ressentais un profond malaise intérieur. « Je vais changer. Je peux changer. Laisse moi une chance et je peux te prouver mes vraies intentions. Cette femme.. ça ne voulait rien dire. Je t’assure. »Ajoutais-je me remémorant la même histoire quelques années avant avec Margaret… et pourtant. Je vis ensuite ma fille rejoindre la bureau et courir vers moi. Je lui souris, plissant le regard pour m’apprêter à l’attraper dans mes bras… Amanda l’arrêta dans son allée – peut-être dût au sang sur mon visage… mais j’avais ce besoin, celui de la serrer contre moi. « Tout va bien aller ma puce. Papa va vous rejoindre. » Mes yeux fixèrent Amanda en espérant qu’elle prenne conscience de la situation – me permettant de rester avec elle et d’être présent pour le bien de nos filles. Pitié faites que ça marche. Je tente de la rattraper, mais Amanda atteignit l’ascenseur qui se referma avant que je ne puisse entrer. « Maiiiis ! » Hurlais-je en posant ma main contre le revers de la porte de métal. Je devais les rejoindre et rattraper mes torts. Pour elle. Pour nous. Pour notre famille… J’attrape mon portable pour lui envoyer un message – stipulant que je voulais m’expliquer et lui parler, de ne pas partir.

Il n'y avait plus rien qu'il puisse dire ou faire pour arranger la situation. Il récidivait, comme dans son passé, il perdait son mariage au coût de ses infidélités. Comment pourrait-elle se pardonner d'avoir cru en cet homme? Quelques secondes avaient suffi pour briser leur vie, leur famille et leur mariage. Il pouvait la supplier, lui promettre le ciel, elle ne reviendrait pas sur sa décision. Demain matin, les papiers du divorce seraient sur le bureau de Garrett, elle reprendrait le nom de Fenderson et s'assurerait de lui rendre la monnaie de sa pièce. Laissant la porte métallique se refermer, elle dut se raisonner pour ne pas céder et s'écrouler devant leurs filles. Inspirant longuement, elle essuyait ses joues.

"Allez mes chéries, on rentre à la maison. Papa doit travailler tard cette nuit..."

Elle ne lirait jamais le message de Garrett.

***

Un sifflement intense lui martelait la tête la ramenant peu à peu à elle. Une douleur intense lui compressait la poitrine alors qu'étrangement chaque inspiration semblait la libérée de son étau. Peu à peu, elle retrouvait la vision, la pénombre l'empêchant de distinguer quoi que ce soit. Le goût ferreux du sang sur sa langue lui rappelait le choc de l'impact, le liquide écarlate s’écoulait sur sa gorge et sa poitrine, imbibant le tissu de son vêtement jusqu’au banc. La quantité de sang était inconcevablement grande pour qu’un humain n’y survive.

Recouvrant peu à peu le contact avec la réalité, un sentiment de panique l’avait aussitôt saisi lorsqu’elle entendit l’appel d’Ayleen. À peine elle tenta de déboucler sa ceinture, qu’elle se retrouva au sol à côté de la voiture, comme par magie… comme si elle s’était soudainement téléportée en dehors du véhicule. Le côté passager de la voiture était totalement encastré dans un arbre. Toutes les portes étaient bloquées, déformées par l’accident. La fenêtre seulement donnait accès aux enfants encore bien ancrées sur leurs sièges.

« Ayleen, maman est là, ça va aller… »

La petite blonde pleurait, clairement qu’elle était blessée, mais à côté d’elle, Maureen ne bougeait pas. À peine respirait-elle, trempée dans son propre sang et comprimée par la portière défoncée.

« Maureen, Maureen… »

À peine, elle pouvait lui toucher la main qu’aussitôt le même phénomène qui s’était produit plus tôt… Un flash et puis toutes les trois se retrouvaient dans le living room de la maison. Pour sa part, plus aucune plaie ne marquait sa peau, déjà, Ayleen se portait mieux alors que Maureen revenait à elle. Les examinant toutes les deux, elle vit une plaie béante se refermer peu à peu derrière de crâne de la cadette. Une partie d’elle n’arrivait pas à s’expliquer la situation et pourtant, ces images lui semblaient familières.

La panique m’envahissait depuis qu’Amanda m’avait surprise en plein coite avec ma secrétaire. Je savais que j’avais fait des promesses à Judith – mais je restais tout de même marié à Amanda… qui s’avérait être également la mère de mes deux filles adorées. Je ne pouvais pas tout détruire pour une femme qui ne faisait qu’un stage dans mon cabinet et allait sans doute repartir vivre à Sidebay une fois le tout terminé. Ma vie éclatait à l’instant, mais je ne pouvais pas laisser passer. J’attrape ainsi mes clés une fois mon message envoyé à ma femme et déroulait rapidement les marches jusqu’au stationnement sous-terrain. Je saute dans ma voiture de collection et démarre à toute vitesse. Je suis ainsi le chemin qui conduisait jusqu’à notre résidence situé dans les montagnes de Los Angeles. Les néons de mon véhicule permettait de voir une bonne surface devant moi jusqu’à ce qu’une lumière vint détourner mon attention. Une voiture se trouvait sur la chaussée, la carcasse fracassé contre le seuil d’un arbre. Je ralentie aussitôt et remarqua qu’il s’agissait de la voiture d’Amanda. « Oh mon dieu…. » Soufflais-je alors en tournant d’un geste brusque le volant et me garant aussitôt. J’ouvre la porte – ne prenant pas la peine de la fermer – et cours en direction de l’accident. « AMANDA, LES FILLES. OH MON DIEUUUU! » Je criais. Je ne pouvais pas supporter de savoir qu’il leurs était arrivé quelque chose. Des larmes perlèrent dans mon regard et je tremblais de tous mes membres. Une fois face au véhicule et à la haute fumée qui montait vers le ciel, je vis tout ce sang. C’était incroyable. Une haut le cœur me vint, sauf que l’adrénaline me permettait de tout garder à l’intérieur pour l’instant. Je me jette contre la paroi de l’automobile. « AYLEEN, MAUREEN. » Il n’avait personne… excepté tout ce sang. « AMANDA ? » Me mis-je à hurler en tremblant. Je voyais qu’il n’avait personne. Avaient-elles déjà été conduites à l’hôpital. Je devais m’en assurer. Je touche le revers de mon pantalon, mon cellulaire était restée sur le coin de mon bureau. Je cours jusqu’à la voiture et active l’appareil blutooth intégré et contacte la police aussitôt.
[…]

Cela faisait trois heures que je passais avec les policiers, les pompiers. Personne n’avait de nouvelles de ma famille. Personne ne pouvait m’expliquer l’endroit où elles se trouvaient. On m’avait même dit qu’avec une aussi grande quantité de sang… c’était impossible que la victime s’en soit sortie. J’avais pleuré, j’avais hurlé, j’avais régurgité. On m’avait administré un sédatif pour me calmer et une fois un peu mieux. On appela ma sœur Constance qui vint me chercher pour me reconduire chez moi. Bien qu’elle insiste, je lui demandais de retourner chez elle, que je souhaitais être seul. J’attrape ainsi mes clés et ouvre la porte de la maison. Je ne comprenais pas ce qui se passait. J’étais encore sous le choc. Je jette mes clés sur le comptoir – constatant que l’alarme à l’endroit n’était pas activée et qu’il y avait des lumières dans la salle de séjour. C’est à ce moment que je vis Amanda. Mes bras tombèrent aussitôt. « Oh mon dieu…. Amanda ! Mais IL S’EST PASSÉ QUOI PUTAIN DE MERDE. Dit moi que les filles vont bien. » Je me mis à paniquer. J’en perdais tous mes moyens.

Mes mains tremblaient, tellement que la simple tâche d’agiter la petite cuillère dans ma tasse de thé devenait un défi.  Une partie de moi n’arrivait pas à réaliser ce qui venait de se produire. Comme si de rien était, je venais tout juste de sortir de la chambre des filles après les avoir mises au lit. Toutes les deux se portaient bien. Par deux fois, une après l’autre, dans la baignoire et avant de mettre leurs pyjamas, j’avais inspecté leurs petits corps à la recherche de blessures. La peau d’Ayleen était marquée par quelques égratignures et ecchymoses alors que Maureen se plaignait d’un intense mal de tête. Rien ne justifiait d’aller à l’hôpital, et si j’y allais, qu’allait-il dire? Ils allaient me traiter de folle, m’interner, me retirer mes enfants! Jamais, personne ne croirait cette histoire…

L’adrénaline pompant encore dans mes veines m’empêchait de me poser. J’avais mis au lavabo nos vêtements imbibés de sang. Il ne s’agissait pas d’une scène de crime, mais une partie de moi voulait faire disparaitre les preuves. Frottant frénétiquement les tissus, je réalisais peu à peu que ce serait impossible de tout enlever. L’eau bourgogne ruisselait sur ma peau me ramenant à l’instant où l’eau de la douche avait fait glisser l’hémoglobine des cheveux de Maureen. Un haut-le-cœur me prit à la gorge, la réalité essayait violemment de me ramener à elle.

L’ouverture de la porte me fit sursauter. Garrett! Ça ne pouvait-être que lui. Lui seul a les clefs et jamais on ne laissait les portes déverrouiller. Mon cœur se mit à palpiter, déchirer entre le désir de trouver réconfort auprès de mon mari et celui de devoir le confronter. Quoi lui dire? Quoi faire? Il remarquerait l’entaille sur ma joue, il verrait l’état catastrophique de la salle de bain, il aurait trop de questions et je ne pourrais jamais lui expliquer. Moi-même, je ne pouvais pas m’expliquer ce qui s’était passé. Le devançant, je l’interceptais dans le hall où toute suite je réalisais qu’il avait eu vent de l’accident. Pour être franche, j’ignorais dans quel état la voiture se trouvait, tout s’était passé si vite et en une fraction de seconde, nous nous étions retrouvées à la maison.

« Qu’est-ce que tu fais ici? »

Lui reprochais-je plutôt que de répondre à ses inquiétudes. Instinctivement, je jouais la carte de l’ignorance. J’allais jouer la défense et s’il fallait lui mentir, je n’en garderais aucun remord. Ce salop m’avait quand même trompé et à partir de cet instant, je ne lui devais plus rien. Je trouverais bien quelque chose pour justifier que la voiture ne soit pas garée devant la maison.

« Les filles vont très bien, elles dorment! Et toi, qu’est-ce qui t’arrive? Tu as bu ou quoi? »

La panique m’envahissait, l’inquiétude me gagnait depuis mon arrêt sur le bord de la route où la voiture de ma femme ressemblait désormais à un tas de ferraille. Je gardais cette image de cet accumulation de sang – celui de qui ? de mes filles, d’Amanda ? elles étaient les trois à bord du véhicule… c’était insensé qu’elles aillent survécus… mais. J’étais là, face à Amanda qui spécifiait que les petites dormaient. Mon sourcil s’arquait et mes mains se portèrent sur mon visage. Une pression du haut jusqu’au bas m’étirait la peau. J’avais cet étrange impression de faire de la fièvre tellement je bouillais face au stress. « Qu’est-ce que je fais ? MAIS PUTAIN MANDY !! Ta voiture… tout ce sang… » Je m’arrête dans ma phrase, divagant des mots en l’air pour amorcer une course jusqu’à la chambre des filles. Je devais voir si elles étaient là, si elles allaient bien. J’ouvre leurs portes, elles dormaient. Un long soupir de soulagement quittait ma bouche et je sentis la tension de mes épaules s’affaisser. Je me retourne pour rejoindre Amanda au salon. « Tu sais bien que je n’ai pas eu le temps de boire… mais explique moi.. ce qui s’est produit… ta voiture… ? » Je ratais des mots, mais je n’arrivais pas à m’en remettre. Je me laisse tomber sur le fauteuil, levant le regard vers ma femme, subjugué par tout ce que je venais de traverser.

« Ne me cri pas dessus! »

Répondis-je sèchement, au seuil de la crise de nerfs. Je ne pouvais lui expliquer ce que je ne pouvais pas, moi-même, comprendre. J’en avais encore le cœur qui débattait à toute allure. Je revoyais l’eau chasser le sang des mèches blondes de mes bébés et leurs corps grièvement blessés se régénérer sous la paume de mes mains.

Ces émotions, la panique et la fatigue étaient les ingrédients d’une mixture dangereusement explosive. Les mains fermement agrippées à la tasse de porcelaine, les jointures blanchies par la pression, j’avalais une gorgée de la brulante tisane. Même si je lui expliquais, il ne comprendrait pas. Il ne me croirait pas. Et ce connard, ce salop qui osait encore débarquer chez nous, comme si de rien n’était, malgré le fait d’avoir eux l’ordre de ne pas le faire… il en avait du culot! Il disparaissait, pour revenir aussitôt, avec son visage déconfit qui autrefois aurait sût attirer mon empathie. Mais, je bouillais déjà.

« T’expliquer quoi? Tu es totalement cinglé Garrett! Je ne te dois aucune explication, c’est plutôt toi qui devrais t’expliquer! Tu sais quoi? Non! Tu ne devrais même pas être ici… tu … tu n’as pas une autre secrétaire à baiser? »

Énervée, je ne contrôlais pas le ton de ma voix et si au départ je parlais, à la fin, je me retenais de ne pas hurler. Je déposais le thé pour ne pas littéralement lui envoyer en plein visage.

« La seule chose que je vais te dire c’est de prendre tes clefs et de partir d’ici avant que j’appelle la police pour te mettre une plainte de harcèlement sur les épaules! Je ne veux plus te voir! C’est fini! À jamais… Et si je peux faire de ta vie un enfer, sache que ce sera le cas! »