Nice to see you again …Maybe ?

- feat. Illyria -

Il y a près de quarante ans en arrière, participer à une fête sur la plage après la nuit tombée n’aurait pas été mon genre. Bon ce n’est pas forcément mo genre maintenant non plus, mais par contre, je ne suis pas du genre à dire non quand on m’invite. Et pour être franc, la jolie blondinette qui m’a proposé de venir était plutôt canon. Enfin jusqu’à ce qu’on tombe sur son mec, déjà présent à la soirée quand on est arrivé, et qui nous est tombé dessus à peine nous avons mis les pieds hors de ma voiture. Non pas qu’elle soit moins canon maintenant, mais elle m’intéresse beaucoup moins d’un coup. J’ai laissé la belle blonde se réconcilier avec son homme, et je me suis éloigné, décidé à profiter quand même de l’ambiance détendue. Différents styles de musique se font entendre à travers les enceintes de smartphone, une cacophonie qui me fait étrangement sourire. Je me rapproche d’un des feux allumés sur la plage, et quand j’entends que le sujet de la discussion tourne autour du dernier film de superhéros, je me joins volontiers à la conversation, comme si j’étais un humain parmi d’autres. Parfois j’arrive à oublier, bercé par une douce illusion d’appartenance, que je ne suis pas comme eux, que je ne fais pas parti de cet endroit. J’aime ces mirages qui adoucissent ma longue existence, et je me laisse prendre par le moment. Enfin je le fais jusqu’à ce que mon regard se pose sur la silhouette d’une brune. Au début je ne fais guère attention à elle, pris dans l’échange, mais mon regard revient vers elle, comme si mon inconscient voulait me faire passer un message. Un message que je finis par écouter alors que je la détaille et réalise qu’elle m’est familière. Soudain un éclair de reconnaissance me traverse, et je me lève, m’excusant auprès des autres. Je m’approche d’elle, perplexe. La dernière fois que je l’ai vue c’était il y a plus de quarante, et pourtant elle ne me semble guère changée. Peut-être n’est-ce pas elle ? Curieux, malgré tout, je m’approche assez pour qu’elle puisse m’entende, alors que j’appelle le nom de cette femme que j’avais rencontré il y a fort longtemps : « Illyria ? C’est toi ? ».

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Mon parcours s’avérait être fort chargé depuis que j’avais été abusé par un homme de Crimsondale et qu’on m’avait implanté un petit enfant à l’intérieur de mon ventre. Comment avais-je réellement affrontée une grossesse complète ? Je n’arrivais même pas à comprendre moi-même. La peur au ventre, je m’étais exilée durant plusieurs mois, ne préférant pas mettre ma survie en danger en réalisant un avortement – parce que oui, c’était possible à Elvendyr, mais les risques faisaient parties du jeu. Bref, le plus ironique dans tout ça, c’était qu’on m’avait tué que quelques jours suivant mon accouchement et l’abandon de mon enfant dans les bois du territoire de la terre. Je me souvenais vaguement de ces moments, avant que je ne devienne une vampire, mais je me rappelais de Lestiel. Cet ange qui m’avait guidé durant mon exile et avait tenté de me supporter jusqu’à ce qu’il ne disparaisse littéralement de ma vie et que je n’aille aucune nouvelle. Un ange ne disparaissait pas aussi facilement – surtout pas lorsqu’on promettait un soutien comme il l’avait fait. J’avais toujours gardé une rancune envers cet homme. Même que d’un côté, ma haine envers la gente masculine devenait pire depuis qu’il m’avait laissé tomber. Cependant, tout ça, c’était si loin dans mon esprit que je n’y pensais même plus. Jamais l’idée de pleurer cet enfant ne me viendrait. J’étais vampire. Je n’avais pas de cœur – bien qu’avant, je n’en avais pas vraiment non plus…

Depuis la réouverture du portail menant à la Terre, je passais beaucoup de temps à Revealdown. Ce monde m’inspirait. Je le trouvais fascinant, mais aussi innocent. Enfin, ce soir, c’était fête sur la plage. Le meilleur endroit pour rencontrer, discuter et tuer. J’avais faim de sang et je savais que je trouverais un homme innocent à me mettre sous la dent. Tout le monde ne savait résister à mon charme. Je marchais doucement, verre de bière à la main lorsqu’un homme vint m’accoster en usant de mon prénom. J’arque un sourcil en tournant la tête pour ouvrir la bouche de stupéfaction face à celui qui se trouvait devant moi. « Lestiel. Impossible. » Dis-je sous le choc. Il m’avait abandonné. Il m’avait blessé. Je le dévisageais sèchement. « Tu es toujours vivant, c’est surprenant. » Ajoutais-je d’une pointe d’ironie très lâche.

Nice to see you again …Maybe ?

- feat. Illyria -

Lorsque la brune que j’accoste se retourne et me regarde avec stupeur, je sais que je ne me suis pas trompé. C’est bien elle, sur qui ces quarante dernières années n’ont pas laissé de traces, j’ai bien des doutes sur la façon dont cela a pu arriver, mais rien n’en est moins sûr. Comme elle me reconnait, je m’apprête à lui sourire, un réflexe dont je ne me suis jamais réellement débarrassé. Aussi détestable qu’elle ait pu être par le passé, je suis sensible aux malheurs qu’elle a dû traverser, et ma compassion prend le dessus. Heureusement que je n’en ai pas le temp car les mots qui suivent de la bouche d’Illyria montrent bien qu’elle l’aurait très mal pris. Je prends soin de ne laisser apparaitre qu’un visage neutre, pour ne pas faire empirer l’animosité qui transparait d’elle, même si je ne suis pas sûr de la raison. D’un ton résolument calme, je réplique : « Et bien il faut croire que près de quarante années d’exil forcé sur Terre ne sont pas mortels pour ceux de mon espèce. ». Je la détaille, mon regard s’attardant légèrement sur son ventre qui ne laisse voir aucune trace de sa grossesse non voulue. Mais je détourne bien vite le regard, me doutant qu’aborder le sujet ne la mettrait pas plus de bonne humeur. A la place, j’ajoute : « Quant à toi, tu n’as pas changé, en tout cas physiquement. ». J’espérais que cette ouverture la pousserait à parler, de la façon dont elle avait maintenu son apparence jeune. Ou alors qu’elle rebondirait sur la façon dont elle aurait pu ou non évoluer au fil des années. Car sa colère ne me permettait pas de savoir si elle était toujours cette femme manipulative que je n’avais pas apprécié mais que j’avais quand même aidé.

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Je me souvenais encore de mes pensées à cette époque. Je me rappelais qu'il m'avait promis de revenir vers moi pour m'aider, pour me supporter. À cette époque, je m'étais dit que les hommes n'étaient pas tous mauvais, mais par la suite, j'avais compris que Lestiel ne se différenciait pas des autres. Il n'était jamais revenue dans ma petite cabane dans les bois. Je ne l'avais jamais recroisé. Un autre menteur. Un autre idiot. Plus jamais je ne reprendrais de la sympathie pour la gente masculine. C'était officiellement terminé pour moi... et cette philosophie, je la traînais toujours après 40 années écoulés. Face à la surprise de nos retrouvailles, je voyais que mon physique semblait déranger un peu l'ange. Qu'avait-il vécu pendant toutes ses années ? De ce que je pouvais comprendre, il résidait sur Terre depuis tout ce temps. C'était surprenant, choquant, mais ça expliquait beaucoup de choses aussi... je devinais même ses intentions. "Exil forcé sur Terre ? C'est donc ici que tu te cachais... ah... et bien c'est logique... tu as été coincé lorsque le portail s'est fermé..." Là, à l'instant même, je me sentais plutôt bête. Bête d'avoir fondé tout ce que je voyais sur un seul cas - qui s'avérait être autre chose... Enfin, je ne pouvais rien changer aujourd'hui et de toute manière, j'étais vampire aujourd'hui. Je n'avais plus d'âme. Je m'en balançais non ? Je faisais tout pour que ma réaction ne paraisse pas démesurée. Je lui souriais donc pour calmer le jeu. "Toujours aussi sexy non ?" J'étais de nature ventarde et ça, c'était toujours la même histoire. J'adorais qu'on me porte de l'intérêt et ça expliquait surtout pourquoi j'aimais les entrée remarquées. "Sans blague... on vieillit au même rythme que chez vous." Et j'avance d'un pas pour approcher mon visage. C'est alors que je lui démontre mes crocs de vampires. Rigolant de la situation même. "Cure de rajeunissement 101. Beauté immortelle que je suis devenue. C'est pas merveilleux ?"

ABANDONNÉ & VERROUILLÉ.