Une chaleur torride s’installait sur la petite ville de Revealdown depuis quelques jours maintenant et c’était le moment parfait pour Hunter de tenter de sortir un peu de sa routine. Entre les heures qu’il faisait jusqu’à la fermeture au Devil’s Tail et ses réveils aux alentours de midi, les journées ensoleillés se faisaient de très courtes durées. Ce matin-là, le jeune Morrow posa son réveil matin à 10h00 AM – ce qui lui laisserait assez de temps pour se préparer, boire prendre son petit déjeuner et ainsi sortir et enfin profiter d’une journée de chaleur. Le jeune homme passa une partie de l’après-midi dans la mer. Certes, sa vie ne ressemblait pas à celle d’autrefois… depuis sa séparation avec Majandra, on dirait qu’il perdait ses repères. Hunt avait l’habitude de faire toutes ses activités à ses côtés, mais maintenant, il se retrouvait seul. Par chance, cela ne prit que quelques mois avant de voir le bout du nez de son frère jumeaux revenir à Revealdown pour de bon – et pour se faire, lui tenir compagnie – mais aujourd’hui, c’était en solo qu’il daignait profiter du beau temps.

Après avoir pris une couche de bronzage et sue charmer quelques dames par son corps plutôt athlétiques, Hunter décida de plier sa serviette, de faire un saut chez lui – fallait dire que ça maison avoisinait la plage de Harrington Spring. Pas trop loin pour faire trempette.

C’est ainsi que Hunt sauta dans sa vieille camionnette et roula jusqu’au centre-ville où se situait le Devil’s Tail. Ce soir, sa mère, ainsi que son beau-père étaient de sorties, puis Derek et Majandra ne bossaient pas. Uniquement un personnel constitué de régulier – le moment parfait pour le rebelle de s’amuser un peu. Il s’empressa de préparer le sous-sol dont l’accès était refusé aux employés et organisa à la dernière minute l’un de ses pokers clandestins. Morrow pariait gros et les billets allaient sortir ce soir. Il se sentait plutôt chanceux en cette soirée d’avril et espérait toucher un bon montant.. après tout, la dernière fois, il avait été obligé de soutirer quelques dollars dans la petite caisse du Devil’s Tail… hum hum… on revient là-dessus plus tard d’accord ? La partie commençait déjà et Hunter se retrouvait avec une jolie suite.

Il était de ces jours où même le Paradise ne pouvait venir à bout de son marasme. Ou malgré la présence rassurante de Caïus alliée à la certitude qu'elle n'était pas seule, et encore moins abandonnée, dans les difficultés qui se profilaient, son humeur ne parvenait pas à en ressentir les bienfaits. Le retour probable de Monsieur étant dans les tuyaux, et bien qu'elle se soit préparée à cette perspective, l'emplissait d'un profond abattement. Abattement qu'elle ne pouvait se permettre de partager avec qui que ce soit de ses proches. Cette impression de force que le Renard véhiculait, bâtie sur bientôt quatre ans de dur labeur, ne saurait souffrir d'aucun vague à l'âme. Voilà pourquoi elle avait demandé à son bras-droit de rester à ses affaires, congédié son chauffeur et pris elle-même la route, au volant de sa moto - secret de polichinelle bien gardé - jusqu'au Devil's Tail. Pourvu que ce bar lui conte de plus belles histoires que celle que lui avait refilé le juriste plus tôt dans la journée.

Comme à chaque fois qu'elle traîner sa bouille de gente dame dans les environs, on ne lui fit aucune difficulté. Il fallait dire que son casque ainsi sous le bras, combinaison de cuir épais pour seuls vêtements visibles, elle était tout à fait dissociable de son statut habituel. Tout juste quelques têtes - qu'elle ignora - se retournèrent sur son passage. « Qu'est-ce que je vous sers ? » Elle ne reconnut pas l'homme derrière le bar. D'ordinaire, Majandra s'y trouvait. « Le patron ! » répliqua-t-elle avec un demi-sourire, ce qui eut le mérite d'éclairer les traits de son interlocuteur. « Pas disponible ce soir, désolé ma belle. » Loin de se démonter, elle lui décocha un regard qui se voulait mystérieux. « Il le sera pour moi. Dites-lui que Raven est là. » Le barman haussa les épaules et s'éloigna de quelques pas, jusqu'au téléphone fixe. La rousse passa une main dans ses cheveux, puis, se retournant afin d'appuyer ses coudes contre le comptoir, elle promena un regard circulaire alentour. L'attente ne lui posait pas de problème, considérant que son ami saurait sans aucun doute la combler.

La partie allait de bon train et je me retrouvais avec déjà un gain assez considérable sous le bras. Je ne pouvais m’empêcher de lancer de petites provocations à l’égard de mes partenaires de jeu qui ne semblaient pas la trouver bien plaisantes. Rendu là, je m’en foutais royalement. J’étais en mes lieux et je menais la partie. C’est après avoir tiré mes jetons vers moi que le téléphone fixe situé un peu plus loin dans la pièce résonnait à travers la salle. Je lève le bout du menton et mon sourcil s’arqua suivant mon mouvement. « Je sais exactement combien j’ai d’acquis, alors ne jouez pas aux trous de cul – plus que vous ne l’êtes déjà – parce que des p’tites vites. Ça ne passe pas chez moi. » Je pointe mon regard de mes deux doigts pour les fusiller l’un après l’autre, tirant ma chaise et rejoignant le téléphone. M’appuyant dos au mur pour avoir une vue sur les joueurs, je répondis. « Quoi ? Tu me déranges… ah.. hum.. oui oui… elle peut descendre. » Dis-je en ayant une belle relation avec Raven Brown. Je connaissais ses atouts, mais je conservais une confiance absolue avec cette dernière. Ça n’avait aucun lien avec nos parties de jambes en l’air suivant ma séparation avec Majandra. Je connaissais son business et je savais qu’elle magouillait dans bien plus grand que mes petites parties clandestines. Je raccroche le combiné et saute sur ma chaise. « On fait cette main finale et on prend une petite pause. » Dis-je pour laisser le croupier privé distribuer les cartes. La mise était déjà à 5000 $, mais ma main s’avérait être des plus délicieuses. Je ne pouvais pas en rester là. J’avais la certitude de la remporter, alors je prends le risque. Je relance.

@RAVEN BROWN Hey, tu m'avais oublié ?

Derrière elle, Raven entend le barman baragouiner quelques mots avant de raccrocher le combiné. Toute à sa contemplation du bar, elle ne rate cependant pas la sentence qui, elle, ne s'est pas faite attendre : « Vous pouvez descendre, Raven. » énonce le barman à son dos, insistant à dessein sur ce prénom qu'il connaît, simplement, il ne sait plus d'où. Il s'en souviendra probablement sous peu, peut-être alors qu'il déculottera sa conquête du soir, mais d'ici là, Raven « Red Fox » Brown aura déjà oublié jusqu'à l'existence même de l'employé. Inutile d'en attendre davantage d'une femme dont l'éducation a consisté à ignorer tout ceux qui n'étaient pas vêtu de soie et de pur coton. Les efforts en sens inverse sont pourtant fournis, cependant, le chemin n'est pas tout à fait terminé.

Acquiesçant brièvement, elle n'attend pas qu'on la conduise pour braver la foule jusqu'à l'escalier menant aux sous-sols. Contrairement à l'essentiel de la plèbe présente, voire à Derrek lui-même, la rousse sait très bien ce qui se déroule dans cette partie du Devil's Tail. C'est aussi son travail de connaître ce genre d'activités. « Messieurs. » prend-elle la peine de s'annoncer alors qu'elle pénètre dans l'antre illégal de Hunter. Les têtes concentrées se tournent brièvement vers la silhouette sylphide. Mais même la plus avenante des présences ne sauraient détourner la petite assemblée de leurs mains. A vu de nez, la jeune femme comptait 5000$ sur la table de poker. Une belle somme, à n'en pas douter. Elle s'avance discrètement, venant se pencher sur l'épaule du propriétaire des lieux. Sans un mot. Elle ne voudrait pas le troubler plus que nécessaire avant la fin de cette partie d'importance.

HJ: