Amanda Fenderson / Sorenn
“Unfortunately, the escape became the trap.”
| Lors de ce doux 4 janvier 1969, ma tronche de cake est apparue dans ce monde apocalyptique qui s’avère être Elvendyr. Vous pouvez le calculer au nombre de squelettes dans le placard, je déclare avoir 49 automnes. Puisque que je n’ai pas eu l’occasion de choisir la chaumière dans laquelle je suis arrivé, ma classe sociale appartient à celle des hurluberlus riches. Défais de ce moule, c’est ce qui m’aspire joyeusement à devenir procureure que vous avez le malheur de croiser aujourd’hui. Dans les grandes confessions, je peux également vous annoncer que je suis mariée et que l’étiquette de hétérosexuelle se colle à mon front. Qu’est-ce qui me rend si spécial à vos yeux de biche émerveillée ? Bah, voilà , vole, téléportation, immortalité, guérison rapide, guérir les autres, barrière de protection.. Avec tout ça, j’appartiens à la classe des Anges et qu’avec tout ça je me vois être impatiente que le passage vers Elvendyr soit de nouveau praticable.. Sans comprendre pourquoi, les gens me comparent à Katheryn Winnick. Mais l’habit ne faisant pas le moine, comme on dit ! Je suis de nature spontanée et je veux que le choix de mon élément et pouvoir soit un choix du staff. |
Tout le monde connait le pamplemousse, ce fruit à la chair rosée dont le goût légèrement sucré et amer ne plait pas à tous. Bien, on pourrait décrire Amanda de la même façon. De base, Amanda est une femme de caractère et qui n’a pas peur des mots. Directe, sûre d’elle, elle fait preuve d’une franchise hors de l’ordinaire et possède un sens de la répartie déroutant.
Ceux qui la connaissent savent apprécier son petit côté acidulé. Elle adore jouer et taquiner, c’est ce qui la rend attachante. Aimante, elle se dévoue corps et âme pour ceux qu’elle chérit. Comme mère, elle se fait un devoir d’être présente pour ses filles malgré ses obligations professionnelles. La famille avant tout!
Si elle n’est généralement pas rancunière, elle n’a jamais réussi à pardonner Garrett. Même si plusieurs années se sont passées, le brasier de cette ancienne idylle ne cesse de la consumer. Après cette trahison, l’amour qu’elle avait pour lui s’est transformé en colère. Il est le seul à pouvoir le mettre dans cet état, comme il était le seul qu’elle avait aimé autant.
TAKE A BITE OF THIS WORLD WHILE YOU CAN
Father, I was alone.
Les conifères surplombent le ciel faisant ombre à la lumière du jour. Au travers des bruissements du vent, les branchailles craquent au rythme des pas qui se rapprochent. Autour, des arbres sont tombés, l’un d’eux s’est déraciné et s’est échoué sur le ruisseau. L’eau s’affole et s’immisce en terrain inconnu, elle parcourt la terre et humecte le sol. Elle imbibe sa tunique et refroidit sa peau, un grand frisson la parcourt. Une nuit s’est passée depuis que la terre a tremblé. Hier encore, la colère de Tharek ravageait Elvendyr.
Ses yeux s’ouvrent sur un visage qui lui est inconnu. La noirceur de sa pupille recouvre son iris autrement azurée, l’effroi déforme son visage, son cœur se remet à battre à toute allure et elle n’a qu’une seule envie : fuir!
« Ne bouge pas petite! Tu vas te faire mal! Où son tes parents? »
Ses jambes sont coincées, elle a froid, elle est épuisée, la panique s’immisce sous sa peau. Elle est incapable de se téléporter, trop faible. Elvendyr est inaccessible. L’homme la libère. L’enfant est déjà sur ses pieds. Sa robe est couverte de vases et de sang. Son sang. Celui qui s’écoule des blessures sur son visage, celui qui jaillit de ce trou béant sur sa jambe visiblement fracturée et sur laquelle elle se tient.
Quand la voiture se gare devant les portes de l’hôpital de RevealDown, l’enfant n’a plus aucune blessure. Pourtant! Le bon samaritain, au risque d’être traité de fou, aurait juré qu’elle était blessée. L'os lui transperçait la chair, sa joue était écorchée, son front entaillée... Pas même une cicatrice, rien pour justifier au médecin le sang qu'elle a sur les mains.
En apprenant que la petite fille qu’il avait recueillit sur ses terres n’avaient aucune famille, le bon samaritain, nommé Alfred Fenderson, et sa femme, Violet, manifestèrent l’intérêt d’adopter l’enfant. Les quarantenaires avaient toujours été trop occupé par les affaires et le travail pour considérer fonder une famille. L’un était PDG d’une compagnie de télécommunication de renom et l’autre, professeure en droit à l’université.
Malgré son jeune âge, Sorenn vint à comprendre rapidement que l’usage de ses pouvoirs dans cet univers ne ferait que lui attirer des ennuis. Les mortels semblaient généralement effrayés par ces manifestations occultes, quelle qu’en soit l’origine. Ils qualifiaient de fabulations ces souvenirs qu’elle gardait du Royaume de l’Ether. Aux yeux des professionnels, la petite orpheline souffrait d’un profond traumatisme et s’échappait de sa réalité en créant ce monde imaginaire. Alors plongée dans un profond mutisme depuis plusieurs semaines, l’on commença peu à peu à la nommer Amanda.
Les jours, les mois et les années passèrent, laissant le temps faire son œuvre et effacer les stigmates du passé. Elvendyr devint un rêve, un lieu inaccessible dont Amanda, elle-même, commença à remettre en question l’existence. Elle n’utilisera plus ses pouvoirs avant encore plusieurs années…
It means you're giving me your heart.
Fréquentant les meilleures écoles, l’adolescente se démarque rapidement de ses congénères. Elle est brillante, curieuse et animée par un esprit de compétition maladif. Admisse à l’université en droit, c’est là-bas qu’elle rencontra Garrett. Tous les deux dans une relation assez sérieuse à l’époque, lui marié et elle, fiancée à Ethan, l’un de ses professeurs, être amants leur suffira pour plusieurs mois.
Tandis qu’elle opta pour une rupture plus standard avec son fiancé, Garrett attendit d’être pris en flagrant délit pour officialiser le divorce. Ce fut aussi l’occasion pour le jeune couple de vivre leur première chicane. Amanda n’était pas stupide et encore moins aveugle de la souffrance qu’elle avait créée en entretenant cette relation avec Garrett. Pensant mettre un terme à cette idylle malsaine, elle n’aurait jamais dû lui refaire une place dans son lit… et pourtant. Elle l’aimait drôlement trop...
Mariée, nouvellement diplômé et emménagé dans un luxueux condo, il ne manquait qu’une chose à leurs bonheurs. Des enfants! Ils eurent deux filles. Ayleen puis Maureen l’année suivante.
C’est un soir, après une longue journée de travail et après avoir récupéré les filles à la garderie qu’elle décida de faire un détour pour surprendre Garrett au bureau. Il travaillait toujours tard, toujours trop et pour une fois, elle s’était imaginé qu’il apprécierait qu’elle passe souper avec lui. Mais à son entrée dans le bureau, il avait déjà la bouche pleine, la tête entre les cuisses de sa nouvelle adjointe Judith.
Ce fut la fin! Drastique, déchirante, elle l’aurait poussé au travers de la vitre du 30e si seulement celle-ci avait bien voulu se fracasser et le laisser chuter à mort. Et dire qu’hier elle avait fait l’amour à cet homme, dire qu’elle l’avait marié, qu’elle lui avait donné des enfants et qu’aujourd’hui, elle de détestait plus que quiconque sur cette planète.
Sur la route du retour, aveuglée par les larmes, distraites par les appels incessants de Garrett et les pleurs des enfants, quelques minutes avant d’arrivées à la maison, elle ne vit jamais la courbe. Un arbre arrêta violemment la course de la voiture. À l’arrivée des ambulanciers, ils ne trouvèrent qu’un tas de ferraille, une voiture vide, des bancs d’enfants ensanglantés… aucun humain normalement constitué n’aurait pu survivre à un tel impact.
Garrett n’eut aucune chance lorsque le divorce fut prononcé. Même si elle ne manquait pas d’argent, Amanda se fit un devoir de lui soutirer tout ce qu’elle avait le pouvoir de lui enlever. L’avocate le dépouilla de plusieurs milliers de dollars, s’empara de leur luxueuse demeure et de la majorité des biens qui leur avaient appartenu. Pourtant, elle n’en avait rien à faire de son argent, tout ce qu’elle voulait, c’était le faire royalement chier. Elle plaça l’entièreté de ses gains dans des comptes qui serviraient plus tard à payer les études de leurs filles. En ce qui concerne ces dernières, une année avait suffi pour écarter Garrett de leur éducation et lui retirer tous ses droits paternels.
C’est à 35 ans qu’elle décida enfin de se laisser le droit d’aimer un autre homme. Jacob travaillait avec elle depuis quelques années et s’ils s’étaient d’abord promis qu’ils se limiteraient à n'être que des amis avec avantages, les sentiments eurent finalement raisons d’eux. Les filles l’adoraient et lui les considérait depuis longtemps comme les siennes.
Tous les quatre s’installèrent dans une maison de RevealDown. Les années qui suivirent furent parsemées des péripéties de la vie quotidienne. Les filles semblaient grandir à un rythme effréné, vieillissant et devenant de magnifiques jeunes femmes. L’âge se lisait sur le visage de Jacob et peu à peu, Amanda commença à réaliser, tout comme son entourage, que son apparence semblait s’être figée dans le temps…